Nora et Maxime

décembre 24, 2008 dans Voiliers Solidaires par igor

Voyager, c’est exister…
Nora et Max à bord de Miss Terre

Sur les pontons de Las Palmas ne déambulent pas que des plaisanciers. Nous y rencontrons Nora et Maxime, deux jeunes français en route pour l’Amérique latine. Nora est biologiste marin. Maxime, grimpeur (ce qui n’est pas pour déplaire au capitaine).

Max  Nora  max & nora

En moins de deux, Maxime se trouve à changer le feu en tête de mât, pendant que Nora prépare notre escale en Guinée-Bissau avec les hippopotames ! Entre deux, ils font du matelotage ou cherchent des opportunités de rencontres au Sénégal pour notre voyage d’exploration désormais commun. Au-delà de l’embarquement, ils s’insèrent tout naturellement dans notre projet. Partager, c’est exister…!

Max

Le début de notre voyage

Après avoir traversé la France puis l’Espagne en stop, nous sommes arrivés à Gibraltar où nous avons cherché durant quelques jours, en vain, un voilier pour aller jusqu’aux Canaries, puis plus loin…ensuite le brésil nous faisait très envie. Nous nous sommes résigner à prendre un avion, et oui, mais des fois il faut savoir mettre son orgueil de côté. Nous avons donc décidé de prendre un avion de Séville à Las Palmas de la Gran Canarie.

Nous sommes arrivés à Las Palmas un peu déçus d’être en ville, mais c’est le problème là où il y a des ports de transit, ce sont des grandes villes. Nous avons passé une nuit dans un hôtel à 30 euros puis le lendemain nous avons cherché sur le port un voilier sur lequel nous pourrions embarquer. Ne trouvant rien, nous étions fatigué par ces 2000 kilomètres en stop puis le stress à Gibraltar, avec les heures de bus, la frontière tous les jours.

Max se sentait vraiment pas bien, il avait des douleurs sous la peau sur le côté gauche. On décida donc d’aller se reposer à 25 kilomètres dans un camping. Nous sommes arrivés de nuit, nous avons été obligé de marcher 8 kilomètres de nuit avec nos sacs beaucoup trop lourds, 20 kilos chaque ! Ouille. Ces 8 kilomètres furent interminables, la route était très escarpée et beaucoup trop longue, car elle contourne de nombreux barrancos (ce sont des gorges).

Quand nous sommes enfin arrivés dans le village de Casas Aguilar, là où se trouve le camping, nous étions très surpris par ce tout petit village, où le camping n’est même pas indiqué.  Nous l’avons trouvé avec l’aide des gens qui l’on croisait sur notre route. Arrivés dans le camping surprise, il n’y avait personne…En même temps on comprenait pourquoi! quel parcours du combattant nous avait mené jusqu’ici. Nous avons téléphoné un peu tardivement à la femme qui s’en occupait, un peu surprise de notre arrivée tardive. Elle est venue très rapidement au camping. Nous avons passé la première nuit dans les sanitaires pour attendre de voir de jour l’endroit le mieux pour planter la tente.

On se retrouvait donc dans un village de 500 habitants, dans la montagne, où il pleuvait presque tous les jours.  Nous étions souvent dans les nuages et il faisait la nuit 5 degrés soit presque 6 degrés d’écart avec Las Palmas. Dans le village une épicerie dans laquelle nous faisions nos courses, deux bars, une école, une pharmacie, un médecin puis un camping tenu par Térésa.

L’état de santé de Max allait s’empirer, des cloques remplies de liquide apparaissait sur sa peau il décida d’aller voir le médecin. Le diagnostic était un zona d’herpès : un traitement existait qui coutait 130 euros. On décida d’attendre un peu afin de voir l’évolution de ces petites méchantes cloques. Par malheur la douleur s’amplifiait, elle était tellement insupportable que Max ne dormit pas durant deux nuits. Mais que faire… nous étions le week-end, il fallait attendre lundi pour acheter le traitement. La douleur était tellement insupportable qu’elle décida Max de dépenser ces 130 euros tout de même.

Dès lundi matin nous sommes descendus au village de Guià à 8 kms à pied afin d’acheter son traitement. Quelle histoire, on part en voyage en se disant tout va bien aller mais nous ne sommes hélas pas à l’abri de ce genre de mésaventures et heureusement d’ailleurs. Nous sommes restés un petite semaine à ce camping le temps de nous reposer, de nous ressourcer pour repartir à la recherche d’un voilier.

Le lendemain mardi 2 décembre, je me rappelle cette date car elle marque la fin de cette interminable recherche de voilier sur le port de Las Palmas, elle marque cette rencontre avec Diane et Igor. Cette rencontre est le début d’un « voyage autrement » qui a commencé le 4 décembre depuis que nous avons embarqué à bord de leur magnifique voilier Miss Terre.

Depuis cette date nous habitons à bord de Miss Terre au port de Las Palmas sur le ponton 15. Le départ est pour bientôt, toujours bercés pour les hélas de la météo. Dimanche 14 décembre nous devrions prendre la mer. Derniers préparatifs avant le départ puis la préparation de notre escale à l’archipel des Bissagos où nous souhaitons rencontrer des gens qui ont des initiatives pour préserver cet extraordinaire environnement marin et les espèces qui y vivent, dont l’ hippopotame.

Une rencontre sur le port de las Palmas: Diane, Igor et Tamam

Après un repos de quelques jours dans un camping à la montagne (eh oui l’île de la Gran Canarie est petite et montagneuse), à 25 kms du port de Las Palmas je redescendais pleine d’énergie pour rechercher un voilier qui voudrait bien de nous, pauvres vagabonds des mers que nous sommes. Je me dirigeai vers les pontons de transit, à l’entrée desquels se trouvait un panneau d’affichage, sur lequel les vagabonds de mers se vendent corps et âmes.

Que faut il écrire pour ne pas être comme les autres?

Quelles compétences vanter quand on ne connait pas grand chose à la voile?

Ces annonces sont-elles lues?

Le meilleur moyen est d’être présent, de parler aux gens, nous sommes tous d’accord là dessus…aucun vagabonds de mers ne vous dira le contraire. Nous pensons tout simplement que mettre une affiche, ça nous donne bonne conscience… comme ça on aura tout essayer !!!

Je venais d’arriver devant ce panneau d’affichage, un nouveau couple de vagabonds des mers francophone s’y tenait, à croire que rechercher un bateau est vraiment à la mode ici. Je leur dis bonjour, nous échangeons quelques mots puis un autre français tout juste débarqué du ferry en provenance du Portugal arrive, le couple repart faire un tour à la recherche d’un voilier. C’ est une évidence ici sur les pontons nord du port, des dizaines de personnes (vagabonds de mers) sont à la recherche d’un voilier, ceci est très en vogue cette année.

Quel sentiment étrange de se trouver là, comme des « mendiants » à clamer aux plaisanciers prenez nous, ne nous laissez pas ici !

Certains sont compréhensifs, ils nous donnent tous les bons conseils pour être de bons équipiers, d’autres sont gênés, ils ont du mal à dire non et il y a aussi ceux qui en ont totalement rien à faire. Ceux-ci ont un regard méprisant qui fait mal au cœur. Ces regards me donnaient envie de disparaître à 50 mètres sous l’eau…une question me traversa l’esprit : mais ont-ils déjà voyager??

Ce matin-là devant mon panneau d’affichage, je vois deux personnes (un couple probablement) avec un magnifique chien. Lorsqu’ils passent à mon niveau je les interpelle en plaisantant, car ce matin là je me sentais comme un clown et puis ils m’expliquent rapidement leur projet de Voyage autrement à la recherche de personnes, d’associations qui possèdent des initiatives pour construire un monde meilleur. Ils m’expliquent qu’ils ne sont pas à la recherche d’équipiers mais plus de personnes pleine d’énergie pour partager leurs idées et leur projet. J’explique que max mon copain n’est pas là avec moi sur le port…on convient de se voir le lendemain matin au petit déjeuner. Puis ils partent, Igor avait sur l’épaule un énorme carton cylindrique: un nouveau enrouleur de génois qu’il avait cassé sur la route et qu’il fallait réparer et changer. La vie sur un bateau est loin d’être tranquille, toujours des milliers de choses à faire apparemment!!!

Ils partent….

Je me dis waohhhhh! des plaisanciers comme cela ça existe aussi, quelle belle et bonne nouvelle pour nous. D’un coup mon cœur se remplit de joie. Toute novice que je suis dans le milieu de la voile, je commençais seulement à découvrir les multitudes facettes de ces plaisanciers qui viennent tous de milieux différents et qui possèdent tous des horizons différents.

La journée continua…j’avais une seule hâte, celle de retrouver Max pour lui raconter cette rencontre. J’étais tellement enthousiaste, leur projet me plaisait tellement… et puis la surprise fut ce projet de l’archipel Bissagos avec les hippopotames, quel projet intéressant.

Le lendemain lors d’un long petit déjeuner, ils nous expliquèrent plus en détails leurs différents projets de Voyager Autrement. Des sujets tellement intéressants qu’on pourraient je crois passer des nuits entière à échanger dessus. Ces gens qui participent à des ONG humanitaires se sentent heureux d’être utile à une bonne cause, mais leurs actions ont-elles les résultats attendus, les conséquences des ces actions n’ont-ils pas au contraire pour les populations qu’on aide des effets pervers négatifs?

Ces projets de rencontrer, d’échanger avec ces ONG humanitaire pour avoir leurs points de vue là dessus est quelque chose de tellement intéressant…et avoir l’avis des populations qui reçoivent ces aides ne pourrait-il pas fixer la réelle efficacité de ces actions.

Ce projet sur l’archipel des Bissagos, c’est rencontrer, échanger avec des ONG locales d’environnement, des institutions comme les parcs marins pour observer leurs actions et leurs efficacités pour préserver cet extraordinaire environnement marin. L’exemple de cet hippopotame qui s’adapte à son environnement et à son évolution, la croissance du tourisme par exemple. Max et moi nous nous sentons tellement motivés pour participer à ce projet de Voyager Autrement alors nous avons embarqué avec plaisir sur Miss Terre avec le cœur rempli de joie pour partager et échanger des idées sur ces projets.

Traversée de Las Palmas à Dakar

Nous sommes partis de Las Palmas après quelques multiples préparatifs sur le voilier. La traversée commença par des sensations désagréables, « le mal de mer » pour Max qui a passé quelques mauvaises heures, aboutissant ensuite à un état convenable pour tout l’équipage, une fois amariné…et oui cela prend quelques jours.

Les heures de quart  ( moments où nous avons la responsabilité de surveiller l’horizon et de barrer le bateau} sont une sensation très agréable, bercé par le bruit de la coque qui fraie son chemin dans l’océan par dessus les vagues. Le bateau est guidé par des flots d’étoiles qui scintillent avec beauté et qui permettent de barrer sans regarder le compas, quel bonheur. Le faux reflet des étoiles brille sur la mer, dû au plancton bioluminescent qui ouvre le chemin marin. Quelles sensations merveilleuses de liberté !