Le yacht de la crise économique !

octobre 23, 2013 dans Des Nouvelles de Miss Terre, Miss Terre c'est ma maison, Sur l'eau, Troisième voyage par igor

IMG_0030Gamin à la fin des années ’70 j’avais un rêve:devenir une star du rock’n roll.
Mon papa m’avait alors fait jouer un soir avec un vrai band :
les
Red And Black Power Blues Band
Ils jouaient avec fracas : Le Rock de La Crise économique.
Certains s’en souviendront…
Depuis, qu’est-ce qui a changé dans ce vieux monde ?

Sur les starting-blocks blocs d’un nouveau départ, l’équipage du voilier Miss Terre achève la préparation de sa maison active….histoire d’une préparation de navire à la mode récup…et ses tentatives écolos/bio…ou … les utopies d’ un capitaine rêveur et ses moussaillons !

 

De retour fin 2010 de ce long voyage à la rencontre des marins humanistes et leurs « voiliers solidaires », me voilà face à cette bête à voile qui a besoin d’un bon lifting avant le prochain grand départ du capitaine, pour un come-back, long si possible, en mer des caraïbes et sans maladie tropicale cette fois-ci !

Alors, fort de mon engagement dans le «vouloir faire autrement» je me mets à la tâche pour préparer ce canot pour ma destination soleil ! Mais, proprement, éthiquement, durablement. J’ai bien envie de faire bien, pour me faire du bien.

« J’me voyais déjà en haut de l’affiche… »

…et utiliser des polyesters-bio, des peintures éco, des bois locaux, des vaigrages éthiques, de l’ électronique pas toque… très vite, j’ai trouvé cela très beau. Puis, trop beau, en fait, « Bobo ». (cf, l’expression devenue commune du chanteur Renaud présentant ces bourgeois bohèmes consom-acteurs de green washing.

Car il ne faut pas se leurrer, la production, la distribution, la publicité représentent 80% de la valeur de tout produit dans nos supermarchés. Bio, recyclable, éthique, équitable ou non. Et cette proportion représente l’énergie grise (celle perdue dans ces 80%). C’est un peu ça ce « green, green, green, washing » que chantonne de nos jours le groupe « Trio ».

Hors , si bohème je le suis un peu, je n’ai pas du tout envie de sombrer sur ces récifs trop bourgeois qui à coup d’euros cash offrent une illusion, plutôt qu’un monde meilleur. Alors, comment passer de ce rêve à la réalité ?

Il y a certainement des solutions propres à tout ou bio à gogo et c’est certainement mieux. Mais, moi citoyen lambda, il me faut trouver ce juste équilibre entre me faire plaisir au jour le jour et la possibilité que… ça dure, sans nuire à mon environnement. C’est ça le durable ?

Un vagabond des mers du sud au bryc !

BernardAlors qu’à cela ne tienne, j’ai décidé de jouer mon petit « Bernard », accroché comme un vieux « Bernarcle » à la coque de mes espoirs utopiques de repartir, au Royal Yachting Club de Bruxelles. Toutefois, si les années Moitessier (grand père de la voile voyage) ont véritablement donné à la plaisance ses lettres de noblesse, on n’y a pas encore assez reconnu de nos jours ce qui a fait son essence : l’esprit d’aventure, de démerde, et d’entraide 


Le chantier lifting commence :

Objectif trouver les fuites qui ont abîmé les vaigrages puis changer ceux-ci, mettre une couche d’isolation pour partir dans les grands nord et sud, installer un chauffage, refaire les vernis, les coussins, la table du carré trop.. carrée, mettre des nouveaux plexis, puis repeindre le bateau tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

 Top départ : on enlève les vaigrages. Après l’arrosage du pont pour repérer les fuites et le traitement des écailles et autres étoiles au mastic époxy nous voilà déjà à penser à remonter le tout.

Des raclettes pour isoler le roof !

Après avoir trouvé le seul bon compromis «respectable» dans des plaques de conglomérat de Liège, lourd et relativement cher, j’ai opté pour la récup de plaque de mousse polyuréthane qui traînait dans un ancien entrepôt… de montage de raclettes ! Cette mousse imputrescible à cellule fermée est très légère et ne craint pas l’humidité. Cela m’a fait un peu mal d’imaginer équiper mon fier voilier en mousse à raclette !!! Mais en y repensant, j’ai directement fait le parallèle avec les Karimats, ces matelas isolants que l’on utilise pour dormir en montagne ! Voilà qui anoblissait mon geste de « Bernaba cool »… Cout : 0€.

Le fournisseur de la cour

Les boiseries des vaigrages d’origine ont été en grande partie récupérées , la mousse polyuréthane à cellule ouverte qui fait office d’éponge et de rembourrage a aussi été récupérée. Et nous avons trouvé un rouleau de skaï / vinyl blanc cassé de fin de série chez le fournisseur de la cour (ets. Henry Anneaux à Molenbeek (voir vidéo ) qui a fait un beau geste pour le petit voilier). Le coût total des vaigrages est à 7 € le M² … et le bateau est reparti pour 20 nouvelles années. Durable or not ?

Un poêle du marché au puce !

Depuis bien longtemps naviguant dans les eaux tempérées hiver comme été entre la méditerranée et l’atlantique nord, je rêvais d’installer ces poêles marins réputés du nom de Taylors, Refleks, Dinkinson, fonctionnant au gazole. Surfant comme tous sur les forums, discutant sur les pontons, je n’ai finalement pas été séduit par ces appareils (pour le coût, la difficulté d’obtenir un bon tirage, la consommation). Alors, j’entends déjà les chuchotements, puis les cris et hurlements, j’ai opté pour un convecteur à gaz… Non pas un spécial marin, ça existe ? Mais un tout petit convecteur de maison.

On est déjà dans le grand voyage !

BOB1Retour dans notre hangar à raclette où j’avais repéré la buse, en outre pourvue d’un thermostat. Si depuis plus de 10 ans maintenant je chauffe mon eau courante au gaz, là je dois vous dire que je n’étais pas à l’aise du tout, du tout!

Cap sur la place du jeu de balle et la poêlerie Bob où sévit un des derniers èchte marolien de notre Brussel une fois ! Bob me fait la démonstration dans son atelier qu’un thermocouple ; ben … ça suffit comme protection. Allé kettekes, mais de quoi t’as peur maintenant ?

La majorité des voiliers que j’ai rencontrés autour du monde sont équipés de cuisinière au gaz et tous quasiment ont minimum une bouteille de 13 l à bord … il n’y à pas plus à bord de miss terre.

La consommation de 3 grs/h revient moins chère que du gazole. Et le gaz…. est plus propre ! Bref équation économie/ durabilité/étique ? Je tente l’aventure, et par grand froid ça me coûte une bouteille pour 15 jours soit 2 € par jour ! Testé pour vous dans le port de Bruxelles.

 gypIl me restait à trouver le raccord de cheminée inox, embarqué sur le chemin de retour chez Général Yachting Service! Le modèle hadhoc traînait là depuis 20 ans dans le stock  de notre shipshandler préféré, ; embarqué c’est pesé ! Au tarif récup soutenable … et à propos de stock, nous y avons aussi trouvé les généreux conseils enthousiaste du détaillant ; qui là, n’a point fait le détail !

Coût total: 60€. Le tout avec les meilleurs conseils de pro! Qui dit mieux ? Supermarket ? Ha si mon petit commerçant pouvait rester bien en place… (voir explo : mon commerçant change le monde ! )

Le kapoc hadhoc mon capitaine ?

LECARREEncore un poste qui coûte cher Bon Dieu de bon sang, mais pourquoi je fais de la plaisance ?

Retour chez le fournisseur du roi : j’ai bien demandé la meilleure solution écolo ; la réponse fut kapoc ! Vous connaissez ? C’est du coton, ça se tasse, ça ne sèche pas bien… Alors j’ai fait le compromis : j’ai gardé mes vieilles mousses faites de pétrole et j’y ai collé une épaisseur de 5 cm supplémentaire. L’impact est moindre que faire du neuf, je n’ai rien jeté, il n’y a pas de miracle, la démarche écologique est surtout dans la tête…. mais c’est devenu vraiment très confortable. Par contre le petit miracle est arrivé pour les tissus : quand on parle de ce que l’on aime, on se rend compte qu’on apporte du plaisir …. RDV chez AZ pub à Bruxelles, où j’étais allé en 2000 pour acheter les pvc de mes capote et bimini.

Après avoir parlé de mon projet de partir à la voile à la rencontre des hommes et leurs idées pour un monde meilleur, GRIET2la seule question fut : de quoi avez-vous besoin ? Heu ben, je viens pour des tissus. Venez voir si quelque chose vous convient dans le stock, je suis parti sans payer. Sans vraiment comprendre…

Je remercie aussi Mohamed de Euromachine rue Marie-Christine qui nous à vendu d’occasion une machine à coudre professionnelle puis nous expliqua patiemment des heures durant dans son petit magasin l’art de la couture…. Un vrai bonheur !

Bi ou mono ?

Il nous restait alors à refaire la cuisine, le carré, les planchers. Le meilleur produit pour les bois neuf est l’huile dure bio pour remplacer les vernis bi composant. C’est super agréable, ça sent bon, le résultat est inégalé ; magique. Mais cela ne convient pas pour des bois déjà traités. Alors nous avons utilisé des acryliques – peinture à l’eau, bien plus facile d’emplois. Mais, après un premier hiver au port, on ne peut que constater que l’année prochaine on recommence….

Durable ? Qu’est-ce qui est plus durable ? Une peinture bio qu’il faut retraiter tous les ans ou un bi composant avec lequel on est tranquille pour 20 ans ?

Il nous reste à remettre de nouveaux plexis, repeindre La Miss, traiter les oeuvres vives et redonner vie aux mortes… là aussi tout est sur le marché, de l’époxy recyclable aux peintures mono et bi…il y en a pour toutes les tendances !

On en parle la prochaine fois ?

Conclusion :

  • Le recyclage est une des solutions préconisées par un nouveau concept d’économie : la bleue ! Moitessier et son poteau télégraphique en guise de mât s’en retournerait dans sa tombe! Ce modèle d’économie en vogue est défendu par Gunter Pauli ; ex-directeur d’Ecover et créateur du concept… affaire à suivre.
  • Ce n’est pas seulement les produits bio et solutions matérielles dont nous avons besoin pour vivre en harmonie avec la nature dont nous dépendons. C’est surtout (ré-)apprendre à les partager autrement. Cette chaleur retrouvée chez nos « petits » détaillants est cette force dont nous avons besoin pour re-trouver notre humanité !

  • Et si on avait une nouvelles devise d’échange autour du monde : (se) Faire plaisir et dire Merci ? ( lien sur un projet en construction)