• Christian La Grange a adressé une note au groupe Logo du groupe Partage des RessourcesPartage des Ressources il y a 12 ans et 4 mois

    Un magasin pratiquant l’économie associative

    INTRODUCTION

    DE BLAUWE BLOEM est un magasin de produits naturels, de qualité principalement biodynamique.

    Voici 30 ans, ce magasin commença à travailler dans l’économie « de marché », traditionnellement basée sur le principe de la concurrence.

    Il en résultait régulièrement d’importantes pertes pour cause de péremption ou de destruction de surplus périssables, comme pain, produits laitiers, fruits et légumes.

    L’énergie en temps, argent et soucis, gaspillée de la sorte, pouvait être utilisée autrement, p.e. en relations plus vivantes entre les différentes parties concernées : producteurs, distributeurs et consommateurs.

    A la suite de concertations avec ceux-ci, il fut décidé, en 1987, de passer à un type d’économie où la personne humaine occuperait la place centrale. L’argent n’y serait plus l’objectif à atteindre mais un simple moyen d’action.

    A ce moment-là, ce type de fonctionnement était déjà appliqué dans un magasin aux Pays-Bas.

    OBJECTIFS

    Un magasin commercial se situe dans le domaine économique. Nous voulons donc travailler, entre autres, à:

    l/ une production et une distribution de produits, basées sur une demande réelle;

    2/ une utilisation consciente de l’argent sous ses trois formes (achat, prêt et don);

    3/ une libération du travail humain qui se dégage de sa dépendance vis-à-vis du revenu.

    A. LA DEMANDE REELLE

    GENERALITÉS

    Quand la production et la distribution sont réglées par les besoins réellement exprimés par les clients, il en découle une rationalisation à tous les niveaux: ni stocks, ni pertes; les emplacements des points de vente, heures d’ouverture, livraisons, etc. sont établis de commun accord. Il en résulte nombre d’avantages pour tous.

    Pour ce faire, des concertations régulières de toutes les parties concernées ont lieu. Les désidératas, possibilités et impossibilités de chacun sont mises sur la table, discutées et évaluées. Cette concertation ou plutôt cette formation de jugements est la caractéristique d’une nouvelle économie. Les organes de formation de ces jugements s’appellent « associations ». Nous pouvons donc parler d’économie associative, où producteurs, distributeurs et consommateurs sont présents. Ainsi pourraient se former des jugements tels que :

    – Quels produits, quelle qualité, quel prix ?

    – Quelles conditions de livraison, quels financements, etc. ?

    Quoiqu’en économie il ne s’agisse que de flux de biens et de services et non de salaires, temps de travail, qualité de produits, conventions, etc., il est clair que ce sont les humains qui mettent en branle ces processus économiques non seulement par leur travail, mais aussi par leur manière de vivre, de consommer, etc. Chaque comportement individuel a donc un impact sur la vie des autres.

    Il est donc intéressant de prendre concrètement la responsabilité de ses actes.

    EN PRATIQUE

    – Un jour ouvrable, le client peut retirer sa commande qui est préparée à l’avance dans son casier. Il paie et commande pour la semaine suivante à l’aide d’un formulaire ad hoc et d’un catalogue de tous les produits.

    – Les collaborateurs passent les commandes chez le grossiste ou le producteur en fonction de la demande réelle.

    – Les heures d’ouverture, ainsi d’ailleurs que l’assortiment des produits, sont établis en concertation avec les clients.

    – Chaque cas d’espèce peut être envisagé dans les limites du possible, p.e. clients en difficulté financière, nouveaux produits.

    B. L’ARGENT ET SES TROIS FORMES DE MANIFESTATION

    Nous voulons aussi parvenir à une utilisation plus saine de l’argent.

    ARGENT D’ACHAT

    Nous utilisons cette forme d’argent quand nous achetons des produits qui sont destinés à une consommation directe.

    Au moment où le client paie le produit, tout le processus de production et de distribution a déjà eu lieu et a donc déjà dû être financé. A l’achat d’un produit le client paie donc en réalité pour le produit équivalent à venir.

    Dans le magasin nous demandons à chaque client, au début, de verser l’équivalent de 3 semaines d’achats, en une ou plusieurs fois. Cette provision est entrée dans la comptabilité du magasin et sera restituée intégralement quand le client cessera d’être client.

    ARGENT DE PRET

    Cette forme d’argent est utilisée pour le financement de moyens de production tels que l’installation intérieure du magasin.

    Habituellement ce financement se réalise à l’aide de fonds propres ou par financement bancaire. Dans ce cas les décisions relatives au fonctionnement du magasin seront fondées uniquement sur l’appréciation personnelle du commerçant quant à ses possibilités propres et ses prévisions de profit.

    Dans le magasin associatif, pour rendre visible la dépendance réciproque du collaborateur et des clients, la totalité des financements provient d’argent de prêt. De cette façon le demandeur (collaborateur) et les prêteurs (clients ou sympathisants) se trouvent dans une relation bien plus étroite que par l’argent d’achat.

    Il y aura donc plus de place pour la confiance réciproque et l’intérêt les uns pour les autres: confiance dans le collaborateur en vertu de ses capacités et confiance dans les clents en vertu de leur fidélité.

    Pour obtenir ce prêt, nous avons recours à un cercle de prêt. Ce cercle, qui est un organe autonome, est composé de personnes (qui ne sont pas nécessairement des clients) qui mettent une partie de leur épargne à la disposition d’une initiative intéressante, en l’occurence le magasin.

    Son fonctionnement est le suivant:

    1. Un compte est ouvert au nom du cercle de prêt. Il reçoit des membres les montants fixés individuellement, mais en concertation.

    2. Parmi ces membres, des représentants sont choisis qui ont pour mission:
    – d’établir des conventions de prêt à l’usage des membres et du magasin: montant, échéance, intérêt, remboursement, etc.
    – de prélever les montants prévus pour les remboursements et intérêts,
    – de gérer le compte.

    ARGENT DE DON

    Le but d’une organisation associative n’est pas de faire des bénéfices mais de rendre des services. Cependant, il est logique qu’un certain bénéfice en découle si la gestion a été sainement menée.
    Dans notre magasin, personne ne réclame ce bénéfice, puisque tout est payé, tant les produits que les financements.

    Du fait donc que cet argent est réellement libéré, il sera affecté, en concertation, à des dons en faveur d’initiatives à caractère culturel (voir ci-après).

    C. UNE TENTATIVE DE LIBERATION DE LA LIAISON TRAVAIL/REVENU

    La formation des prix comprend habituellement:
    – le prix d’achat chez le grossiste
    – les frais d’exploitation (chauffage, emballage, etc.)
    – le revenu des collaborateurs (du magasin).

    Pour arriver à dénouer cette liaison travail/revenu, il faut considérer que les collaborateurs ont droit à un revenu tel qu’ils soient en mesure de subvenir à leurs besoins vitaux jusqu’au prochain flux de fournitures.

    En d’autres termes, il est important, aussi pour le client, que les collaborateurs puissent disposer d’un revenu suffisant pour se nourrir, se vêtir, se délasser etc. et subvenir aux besoins de leur famille, de telle sorte qu’ils soient en état de réaliser la préparation de la nouvelle commande dans les meilleures conditions.

    Concrètement, dans les prix des produits, les revenus des collaborateurs ne sont pas inclus. Les prix des produits sont donc notablement inférieurs aux prix habituels. Le revenu des collaborateurs est constitué séparément par les clients qui se déclarent globalement responsables de ce revenu.

    – L’année est divisée en deux périodes de six mois (avril-septembre et octobre-mars).

    – Avant chaque période, les collaborateurs envoient une lettre qui reprend: le montant mensuel de leurs besoins estimés pour les 6 mois à venir et le nombre des clients.

    – Le client communique le montant qu’il veut et peut donner.

    – Après concertation, et si nécessaire, après réajustement (au cas ou les montants séparés ne suffiraient pas), chacun verse son montant choisi au début de chaque mois.

    UNE NOUVELLE ORGANISATION DU CORPS SOCIAL

    Dans notre volonté de travailler à la rénovation de l’économie, nous nous inspirons des travaux de Rudolf Steiner et en particulier de la triarticulation sociale. Celle-ci ordonne le corps social en trois fonctions distinctes qui obéissent chacune à des lois propres:

    – VIE CULTURELLE : L’humain y occupe la place centrale et peut développer librement ses capacités personnelles dans les domaines tels que l’éducation, la recherche scientifique, l’art, la religion, la thérapie.

    – VIE JURIDIQUE : La place centrale est réservée aux relations entre humains : chacun y a un droit égal de voir les faits et situations de son point de vue et d’arriver à des conventions où il n’y aura ni perdant ni gagnant.

    – VIE ECONOMIQUE : où la production, la distribution et la consommation des produits et biens sont réglées de telle façon qu’elles satisfont aux besoins des autres. A l’époque actuelle, chacun dépend du travail de tous et chacun travaille en fait pour les autres. Le point de départ est donc le besoin des autres et la capacité d’y répondre. Ici naissent et se développent la fraternité et la responsabilité des uns vis-à-vis des autres dans les besoins concrets.

    Mia STOCKMAN – Luuk HUMBLET

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